Amélioration de la Survie par l’IsoLement et la certification
Depuis 2008, une maladie affecte la plupart des cheptels d’huîtres creuses en élevage sur les côtes françaises. Elle se traduit par des mortalités extrêmement importantes des jeunes huîtres (supérieures à 50% dans la très grande majorité des cas). Le virus herpès de l’huître apparaît comme un agent prépondérant dans le déclenchement de ces mortalités, ainsi que certaines bactéries appartenant au groupe des vibrions. Entres autres conséquences, l’apparition de cette maladie a considérablement fragilisé la santé économique des entreprises ostréicoles et fait peser une menace lourde sur l’ensemble de la filière.
Dans ce contexte, Ifremer s’implique dans la recherche de solutions susceptibles de limiter les mortalités de naissain. Parmi les projets développés en Normandie sur ce sujet, le projet ASIL (Amélioration de la Survie par l’IsoLement et la certification) vise à tester l’efficacité de différentes mesures prophylactiques et pratiques d’élevage pour la limitation de la mortalité.
Ce projet a fait l’objet d’une labellisation par le Centre de Référence sur l’Huître. Il est porté conjointement par le LER-N et le SMEL (Synergie Mer Littoral), en collaboration avec les partenaires régionaux de la filière conchylicole : l’UMR CNRS INEE - FRE3484 BioMEA de l’Université de Caen Basse-Normandie , le CFPPA (Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole Coutances) et le LMA (Lycée Maritime et Aquacole Cherbourg).
Problématique
En agriculture terrestre, la mise en œuvre de tests diagnostics et l’isolement des individus contagieux constituent des mesures couramment utilisées pour la gestion des épidémies. L’application de celles-ci à la gestion des surmortalités de naissain nécessite toutefois d’adapter celles-ci au contexte ostréicole. Le projet ASIL a donc été développé afin de tester l’applicabilité d’un scénario d’élevage des cheptels de naissain reposant sur ces mesures.
Le scénario envisagé consisterait à effectuer un test diagnostic du statut sanitaire des lots de naissain vis-à-vis des pathogènes impliqués, et ce, avant leur entrée sur les secteurs conchylicoles. Les lots indemnes de pathogène pourraient alors être introduits sur de nouvelles zones d’élevages isolées («zones sanctuaires») également indemnes de pathogènes. Cet itinéraire zootechnique devrait permettre d’éviter la confrontation des naissains avec les pathogènes et in fine la mortalité.
Il est toutefois impossible de délocaliser la totalité des cheptels actuellement en élevage sur de telles zones sanctuaires. Une solution commode consisterait à ce que ces zones soient plutôt destinées à une sauvegarde temporaire des lots avant réintroduction sur les secteurs ostréicoles habituellement exploités. La réintroduction des lots isolés sur les zones d’élevage traditionnelles pourrait s’effectuer lorsque les conditions s’avèreraient plus propices à leur survie, soit que l’huître ait acquis une résistance aux pathogènes, soit que les conditions de l’environnement ne s’avèrent plus propices à l’expression de la maladie.
Objectifs spécifiques du projet ASIL
Le projet ASIL s’articule en 3 tâches, visant chacune à répondre à une question posée pour l’optimisation de mesures de gestion des surmortalités de naissain par la certification et l’isolement.
- Tâche 1
Les outils de diagnostic disponibles permettent-ils de caractériser le statut sanitaire du lot ?
- Tâche 2
Quelles seraient les périodes de l’année les plus favorables à la réintroduction des naissains sur les zones d’élevages traditionnelles ? A quelle période s’effectue la contagion ?
- Tâche 3
Les pratiques d’élevage (tamisage / engraissement des individus pendant la période d’isolement) influent-elles sur la résistance des individus lors de leur réintroduction sur les zones d’élevages « traditionnelles » ?