Etude de la Variation Inter-Lots de la Survie pour le naissain d'huître creuse
Les mortalités massives de naissain d’huître creuse, apparues en France en 2008, font peser de lourdes contraintes sur les entreprises conchylicoles. Ce projet s'inscrit comme une première étape dans l’application d’une démarche d’amélioration de la survie du naissain d’huître creuse. L’objectif visé était de proposer une méthodologie permettant aux éleveurs d’identifier des critères d’approvisionnement en naissain, dans le but de sélectionner les lots les plus à mêmes de présenter les plus faibles taux de mortalité en élevage.
Les protocoles ont consisté à tester 28 lot de naissain (population d’individus issus d’un même évènement de reproduction, élevés simultanément dans les mêmes conditions), recueillis auprès d’entreprises bas-normandes, et des partenaires scientifiques du CRH, et pour lesquels ont été renseignés des indicateurs de l’état de santé, de l’origine de production et des pratiques d’élevage précoces employées. Ces lots ont ensuite été testés sur le terrain pour caractériser la variabilité inter-lots des taux de survie.
Testage sur le terrain
Expérimentation A : décrire la variabilité inter-lots des cinétiques de mortalités
L’évolution de la mortalité par poche a été mesurée par dénombrements successifs des individus vivants et morts entre les mois de mai et d’octobre 2013.
La grande majorité des mortalités ont ainsi été observées entre 56 et 87 jours après la mise à l’eau.Si l’épisode de mortalité s’est déclaré de façon relativement synchrone, les taux de mortalité moyens inter-lots montrent au contraire une très forte dispersion. Ils sont compris entre 3 % pour le lot 9 et 59 % pour le lot 5.
Expérimentation B : qualifier l'effet de paramètres liés au parcours précoce d'élevage sur la variabilité des taux de mortalité finaux
Les individus provenant des différents lots sont marqués puis mélangés et enfin répartis dans 12 poches. Ces poches ostréicoles sont ensuite déployées sur la concession expérimentale de la Baie des Veys. L’estimation des taux de survie finaux a été effectuée à la mi-octobre par dénombrement des individus vivants.
Les résultats mettent en évidence une très forte variation inter-lots des taux de mortalité, compris entre 20 % pour le lot 9 et 76 % pour le lot 1
Conclusions et perspectives
Les protocoles déployés réalisées mettent en évidence l’effet de quelques indicateurs de l’état de santé, de l’origine de production et des pratiques d’élevage précoce sur la variation de la survie.
- Les taux de mortalité estimés pour le naissain d’écloserie 3n paraissent réduits par rapport à ceux mesurés pour le naissain 2n d’écloserie.
- Le remplissage (rapport entre les quantités de chair et de coquille) des individus constituant le lot apparaît également comme un critère prédictif des taux de mortalité : les plus faibles taux de remplissage étant associés aux plus faibles probabilités de survie.
- La taille de la coquille (approchée ici par une mesure de la surface) est positivement corrélée à la probabilité de mortalité.
- la détection du virus OsHV-1 chez les individus constituant un lot donné coïncide avec une diminution des taux de mortalité observés.
La démonstration de ces relations parait particulièrement prometteuse pour une éventuelle application ultérieure en matière de recommandation d’élevage, dans la mesure où l’origine et la taille constituent des critères faciles à prendre en compte par les éleveurs lors du choix de leurs lots de naissain. Afin de poursuivre la démarche d’amélioration, cette méthodologie devra être réappliquée au cours des années à venir afin d’accroître l’effort d’échantillonnage. Il ne fait pas de doute que la continuation de la démarche permettra de dégager de nouvelles relations entre indicateurs des pratiques d’élevage et variation des taux de survie.