Prolifération de platyhelminthes dans les parcs à huîtres du Bassin d’Arcachon
Pendant l’automne 2020, les ostréiculteurs du Bassin d’Arcachon ont observé de fortes proliférations de vers plats, souvent associés à de fortes mortalités d’huîtres ou de moules, dans les parcs situés en bas des estrans ou dans les poches d’huîtres élevées en « eau profonde » (dans les chenaux). Certaines coquilles d’huîtres moribondes pouvaient contenir jusqu’à une dizaine de vers.
Il s’agit de représentants de l’embranchement des platyhelminthes, qui regroupe de très nombreuses espèces dont un certain nombre de parasites (douve du foie, ténia), des espèces terrestres dont certaines ont été introduites en Europe et s’y révèlent invasives, et enfin des espèces marines. Beaucoup de ces espèces marines sont prédatrices (certaines utilisant une trompe dévaginable pour pénétrer leur proie voire en y injectant des toxines paralysantes) et quelques-unes d’entre elles sont réputées pour causer des dommages dans les populations de mollusques sauvages ou cultivés.
La reconnaissance des espèces appartenant à ce groupe n’est pas chose aisée, et les spécialistes de sa systématique sont rares, voire absents en France.
Des échantillons ont été récoltés et adressés en premier lieu à une spécialiste espagnole de cet embranchement (Carolina Noreña, Museum d’Histoire Naturelle de Madrid), qui dans un premier temps a entrepris de les déterminer sur la base de leur morphologie. Une analyse génétique, réalisée dans le même laboratoire complètera prochainement cette première approche. Par ailleurs, une autre série d’analyses génétiques vient d’être réalisée par les chercheurs de la Station marine d’Arcachon (Université de Bordeaux, UMR EPOC) et donne des résultats différents de ceux obtenus par la scientifique espagnole. On peut alors se demander si une seule ou plusieurs espèces sont responsables de cette prolifération… En tous les cas, la question de la qualification indiscutable de cette (ces) espèce(s) reste, pour l’instant, ouverte, et devrait faire l’objet de recherches futures au sein du Museum d’Histoire Naturelle de Madrid.
Il faut par ailleurs signaler que des échantillons de ces vers ont également été expédiés au Laboratoire National de Référence à l’ANSES pour y rechercher la présence éventuelle de tétrodontoxines, déjà mise en évidence chez certaines espèces de platyhelminthes marins.