EUROHAB : surveillance depuis l'espace

Un projet européen pour la surveillance depuis l'espace des efflorescences algales nuisibles

Le 21 novembre 2017, S-3 EUROHAB, un nouveau projet environnemental relevant du programme Interreg France (Manche) - Angleterre (FMA) et cofinancé par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), a été lancé. Le projet est co-financé à hauteur de 2,6 millions d'euros sur 4 ans et est coordonné par le Plymouth Marine Laboratory en collaboration avec 8 partenaires britanniques et français. S-3 EUROHAB utilisera la technologie satellitaire la plus récente pour améliorer la surveillance de la qualité des eaux marines et côtières et les efflorescences algales nuisibles dans l’espace Manche, et en évaluer les impacts socio-économiques.

Les efflorescences algales nuisibles,  ou HABs  (Harmful Algal Blooms), sont causées par une croissance excessive d'algues marines qui libèrent des toxines nocives pour les poissons, les coquillages et même les humains lorsqu'ils consomment ces produits contaminés. Ces efflorescences peuvent donc avoir un effet extrêmement dommageable notamment sur les industries du tourisme et de la pêche. Dans l'UE, le coût annuel des HABs pour ces industries est estimé à plus de 918 millions d'euros. Enfin une mauvaise qualité de l'eau (eutrophisation) peut également affecter les régions côtières et nuire à un certain nombre d'industries maritimes.

Le projet utilisera les données issues du satellite européen Copernicus Sentinel 3, récemment lancé, pour suivre la croissance et la propagation des efflorescences d’algues nuisibles et l’abondance du phytoplancton liée à la qualité de l’eau sur l’espace Manche. Ces données seront utilisées pour construire un système d’alerte basé sur le Web, le premier de son genre en Europe, pour prévenir les gestionnaires de l’espace marin et l’industrie des pêches de la prolifération d’algues potentiellement dommageables. Les données collectées aideront à mieux comprendre pourquoi, comment et quand surviennent les HABs, à évaluer les coûts associés à ces évènements et comment le système d’alerte Web pourrait contribuer à réduire ces coûts.

L’efficacité des méthodes actuelles de suivi des HABs au niveau de la Manche mérite en effet d’être améliorée, au regard de leur coût : 2 millions d'euros par an sont actuellement nécessaires pour contrôler 6% de la surface concernée. Non seulement les méthodes proposées par S-3 EUROHAB présentent un avantage économique, avec un coût limité à 42.000 euros par an, mais elles couvriront également l'ensemble de la zone Manche. Le système d'alerte se traduira aussi par des temps de réponse aux HABs beaucoup plus rapides, contribuant potentiellement à atténuer les effets des efflorescences et les pertes économiques qui leur sont associées en France et au Royaume-Uni. Des améliorations seront apportées aux méthodes existantes en utilisant les données satellitaires sur la coloration des océans et en particulier l'application des dernières avancées technologiques issues des satellites européens Copernicus. Le projet utilisera ces données satellitaires pour créer un système d'alerte en ligne concernant les HABs et la qualité de l'eau. Ce système d’alerte Web sera conçu en partenariat avec les parties prenantes pour améliorer la surveillance marine des HABs dans la région France (Manche) - Angleterre.

 

Le budget total du projet s'élève à 3,7 millions d'euros, dont 69% sont financés par le programme Interreg France (Manche) Angleterre, représentant une subvention du Fonds Européen de Développement Régional de 2,6 millions d'euros. Le projet associe 9 organisations, 5 françaises (IFREMER-Brest, IFREMER-Port-en-Bessin, IFREMER-Boulogne-sur-Mer, Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins de Normandie, Université de Bretagne Occidentale) et 4 du Royaume-Uni (Plymouth Marine Laboratory, Environment Agency, University of Southampton, Devon and Severn Inshore Fisheries and Conservation Authority), et se déroulera de novembre 2017 à octobre 2021.

Implication du laboratoire de Normandie

Dans le cadre du projet S-3 EUROHAB le LERN fournira les données existantes de ses réseaux et contribuera à la description de protocoles de mesures et de métrologie harmonisés. Le laboratoire collectera de nouvelles données sur ses stations existantes d’acide domoïque (DA), des pigments phytoplanctoniques et de la matière en suspension inorganique et organique qui seront utiles pour la validation des algorithmes. En effet, on sait que la Manche orientale est périodiquement affectée par les HABs, notamment par Pseudo-nitzschia (PSNZ) et Dinophysis. Ainsi, le LERN a développé des analyses de DA dans des projets de recherche récents, ce qui sera bénéfique pour S-3 EUROHAB afin de mieux comprendre la relation entre les proliférations de PSNZ et la contamination des coquillages. Une étude de terrain sera également menée pour étudier le transport et la dispersion des efflorescences du PSNZ et sa toxicité à l'interface du panache de Seine, afin de renforcer les algorithmes et les résultats des modèles.